Mon expérience avec le Piliostigma reticulatum au centre-nord du Burkina

Disponible sur : http://www.beep.ird.fr/collect/upb/index/assoc/IDR-2014-OUE-EFF/IDR-2014-OUE-EFF.pdf

La région du Centre-Nord du Burkina Faso est soumise à une dégradation des terres cultivables. Le zaï, les demi-lunes, et autres techniques de conservation des eaux et des sols ont été testés et introduits par des travaux de recherche et développement pour pallier les problèmes de fertilité et contribuer à l’augmentation de la productivité. C’est dans ce sens qu’a été introduite l’agriculture de conservation par l’ONG African Conservation Tillage Network (ACT). Les résidus de culture étant utilisés pour l’alimentation du bétail, ceux-ci sont peu disponibles comme source de paillage. Afin de proposer des alternatives locales, la présente étude a pour but de tester l’effet du paillage à base de biomasse ligneuse sur les cultures dans le village de Yilou (située à 75 km au nord de Ouagadougou) dans la zone soudano-sahélienne.

L’étude a d’abord consisté à la réalisation d’une enquête. De celle-ci il ressort que les producteurs, bien que n’ayant pas reçu de formation (93%) sur l’usage de la biomasse de Piliostigma reticulatum, possèdent un savoir-faire dans la gestion de l’arbuste au moment des cultures (97%). P reticulatum pousserait généralement sur les sols argileux selon ces producteurs (78%). La majorité des enquêtés (95%)  reconnaît l‘augmentation des rendements de toute culture due à l’usage de la biomasse de P. reticulatum.  La pratique du paillage ligneux étant largement répandue sur le terroir, un dispositif en blocs dispersés (n=4) comportant trois traitements (1 t/ha de biomasse de l’arbuste natif P. reticulatum (T1), 2 t/ha (T2), et témoin (T0)) a été mis en place en milieu paysan. Les cultures mises en place étaient le sorgho (variété Kapelga) semé à 0,80 entre lignes et 0,40 cm inter-poquets, et le niébé (variété : KVX 396-5-4-2D) semé dans les lignes intercalaires à la même densité. Les paramètres suivants ont été évalués par traitement : la croissance des tiges de sorgho, le développement foliaire du sorgho, et les rendements grain et paille du sorgho et du niébé.

Les résultats obtenus montrent une augmentation de la hauteur des plants de sorgho  observée sur les parcelles paillées par rapport au témoin. Les traitements T1 et T2 entraînent une augmentation des rendements grains de sorgho respectivement de 68 et 131%, et paille de 34 et 85% par à T0. Les rendements grain, paille à la floraison et fanes à la récolte du niébé quant à eux connaissent une hausse de 29 et 41%, 41 et 112%, 41 et 8% respectivement pour T1 et T2.

La pratique de la couverture du sol avec la biomasse issue de P. reticulatum dans la gestion de la fertilité des sols et l’augmentation des rendements culturaux apparait alors comme une alternative pouvant contribuer à atteindre une agriculture durable dans les zones soudano-sahéliennes.

Mots clés : Biomasse ligneuse, Piliostigma reticulatum, fertilité du sol, Yilou, Burkina Faso

L’agriculture de conservation comme solution

L’agriculture de conservation est un mode de production agricole basé sur l’agencement de façon simultanée de 3 principes qui sont :

Source : http://www.fao.org/ag/ca/fr/1a.html

  • le travail minimal du sol pouvant aller même jusqu’à l’absence de perturbation du sol, est contraire à la pratique du labour que l’agriculture conventionnelle a adoptée. Le labour a un effet bénéfique sur les cultures (NICOU et al., 1989) mais à long terme il peut détruire la structure du sol et l’exposer à l’érosion (ACT et IIRR, 2005), contribuant ainsi à la baisse de sa fertilité.
  • la couverture permanente du sol par un mulch vivant ou mort : elle peut être constituée de résidus de la récolte précédente ou de végétaux apportés et étalés sur le sol (couvertures mortes), ou de plantes de couverture occupant le terrain avant la culture principale ou plantées en association avec les cultures principales (couvertures vives) (CAPILLON et al., 2002).
  • l’association des cultures et/ou la rotation des cultures : Une bonne succession des cultures permet de mieux améliorer la fertilité des sols qu’une jachère de courte durée (BADO, 2002)

Selon FAO (2005) en Afrique francophone et particulièrement en Afrique de l’ouest et du centre, les expériences d’AC sont récentes et peu nombreuses. Dans la plupart des cas ces expériences sont menées par des équipes de recherche ou de Recherche et Développement sur des sites pilotes.